Je ne connais pas plus grande joie en photographie que d’imprimer mes images. Après tout le temps passé sur le terrain et devant l’ordinateur, l’impression est en quelque sorte l’aboutissement du travail artistique. Cependant, aussi gratifiant que puisse être une photographie bien imprimée, l’exercice peut être terriblement difficile et fâchant lorsqu’elle ne rencontre pas la vision du photographe. Et, croyez-moi, je commence à en connaître long sur les échecs ! Il y a heureusement quelques trucs qui peuvent être pris en considération afin de maximiser les résultats lors de l’impression. Sans trop entrer dans les détails, je vous en présente cinq que je trouve particulièrement importants.
1. Une bonne gestion des couleurs
Avoir une bonne gestion des couleurs signifie que tous les appareils inclus dans la chaine de production d’une photo reproduisent les caractéristiques des couleurs préalablement perçues. On comprend donc que c’est primordial pour n’importe quel photographe qui développe ses fichiers et qui désire qu’ils aboutissent imprimés. J’en parle plus en détails dans ce billet et je vous invite fortement à le lire si vous n’êtes pas familiers avec la gestion de couleurs.
2. Une photographie exempte de tout défaut
La relation qu’a le spectateur avec une photographie imprimée est bien différente que ce qu’il aurait, par exemple, sur le web. Une impression a un aspect qui est davantage contemplatif, surtout si elle est affichée dans un endroit où elle sera régulièrement regardée, admirée, appréciée. De plus, même si vous possédez un très grand écran d’ordinateur, il se peut très bien que le format que vous imprimiez soit largement supérieur à ce que vous pourriez voir lors de votre traitement, ou lorsque vous postez sur le web. C’est pour ces raisons qu’il est possible qu’un simple petit détail qui vous aurait échappé surgisse une fois la photographie imprimée, ce qui pourrait gâcher votre impression.

Il est important de corriger toute poussière ou anomalie. Pensez également à vérifier votre photo à 100 %, voir même 200 %, pour être certain que tout est exempt de détails indésirables.
Afin de pallier à ce désarrois, il est important de faire en sorte que tout défaut soit supprimé avant de passer à l’impression. Dans mon cas, je suis une routine relativement rigoureuse avant même de commencer le développement de la photographie. En agrandissant la photo à au moins 100%, elle consiste respectivement à :
- Supprimer toute poussière ou anomalie (ne vous fiez pas seulement à l’outil Affichez les défauts dans Lightroom et portez une attention particulière aux surfaces lisses et aux coins);
- Réduire ou éliminer le bruit lorsqu’il y en a;
- Supprimer l’aberration chromatique et vérifier si le logiciel de développement RAW a oublié des parties;
- Ajuster la distorsion de l’objectif si nécessaire;
- Finalement mettre à niveau la photographie lorsque cela est nécessaire.
Je commence ensuite, seulement ensuite, le développement de la photo.
Lorsque je suis sur le point d’imprimer, je refais la routine en zoomant sur l’image à 100%, voire même 200%, et en faisant un véritable balayage afin de déceler la moindre irrégularité. Je ne laisse rien passer. Vous serez surpris ce que vous pourrez déceler lorsque vous agrandissez une photographie. Les erreurs se sont multipliées par le passé, me faisant perdre du temps et de l’argent, et c’est le genre d’expérience que vous voulez éviter.
3. Choix du papier et l’épreuvage d’écran (soft proofing)
Lorsque vous imprimerez, vous choisirez probablement un papier en particulier qui reflètera le rendu que vous voulez donner à votre photographie. Si vous êtes sérieux dans la recherche de qualité, je vous recommande d’utiliser des imprimantes à jet d’encre conçues pour la photographie ainsi que des papiers de qualité. En plus d’être beaucoup plus précis dans l’impression, ils couvrent un plus large gamut, ce qui donne des impressions plus riches en couleurs et en contrastes.

L’utilisation de papiers de qualité permet une meilleure reproduction des couleurs et des contrastes. Les textures varient et peuvent donner un rendu plus adapté à la photo choisie.
Lorsque vous aurez choisi le papier, celui-ci aura une certains luminosité et teinte, ce qui affectera évidemment le rendu imprimé. Afin d’éviter des erreurs et bien prendre conscience des paramètres colorimétriques, vous pouvez faire une épreuvage d’écran (soft proofing en anglais) à l’aide du profil ICC de votre papier. Cette étape vous permettra d’anticiper comment les couleurs se transposeront sur le papier et d’effectuer les corrections nécessaires. C’est une étape relativement facile à faire avec Lightroom et j’en parle ici.
4. Une netteté adaptée à l’impression, ou aller au-delà de la déconvolution
La netteté d’une image est propre au style photographique qu’un photographe poursuit (portrait VS paysage VS photodocumentaire VS etc.) et surtout aux goûts de chacun. Il faut toutefois savoir que lorsque vous imprimez vous perdrez de la netteté en comparaison à ce que vous pouvez voir à l’écran. Il y a deux raisons qui influencent ce rendu. D’un côté, le transfert des pixels en points d’encre ne se fait pas intégralement. De l’autre, comme vous devrez ajuster la grandeur de votre fichier en fonction de l’impression, l’interpolation appliquée durant le redimensionnement de la photo diminuera également la netteté. Ce sont pour ces raisons que je vous conseille d’ajuster votre netteté seulement lorsque vous êtes prêts à imprimer et que votre photo est redimensionnée. Plusieurs ajustements durant le développement ne feraient qu’ajouter des artefacts inutiles à votre fichier.
Avant de passer à l’autre section, il est nécessaire de faire une petite parenthèse sur l’ajustement du détail que vous faites dans votre logiciel de développement RAW. Cette étape est ce qu’on appelle l’ajustement de le netteté par déconvolution (deconvolution sharpening) et est essentielle pour corriger les facteurs adoucissant le piqué d’une photographie (par exemple filtre passe-bas, l’ouverture employée lors de la prise de vue, etc.). Il doit être effectué avec retenue et ne consiste pas en l’ajustement de la netteté avant l’impression. Si vous voulez avoir un rendu intéressant, vous devrez peaufiner votre netteté après le développement de la photo en fonction du redimensionnement final, ainsi que du support et de l’imprimante utilisés. Afin de compenser pour l’adoucissement s’effectuant lors de l’impression, la netteté devra être poussée un cran plus élevé que ce que vous jugez normalement parfait. Je ne rentrerai pas ici dans les détails, mais je me contenterai plutôt de dire qu’il y a plusieurs techniques pour ajuster une photo à son support, notamment avec Lightroom ou Photoshop.
5. L’épreuvage de papier ou hard proofing
Que vous ayez une imprimante ou que vous alliez chez un imprimeur spécialisé, il est recommandé de faire une épreuvage de papier. Il s’agit ici d’imprimer une partie représentative de la photo et d’examiner s’il y a des ajustements à apporter dans les tons, les teintes ou la netteté. Comme la netteté est ajustée en fonction de la grandeur finale, ne comptez pas sur un format réduit pour vous donner un aperçu.
Veuillez également prendre note que, compte tenu du procédé d’impression et du support, il sera difficile que votre photo soit parfaitement identique à ce qu’il y a sur votre écran. Il faut souvent apprendre à en laisser.
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Ça m’a pris un an avant de réussir a obtenir des photos imprimées comme vues a l’écran, et, Francis, je suis tout à fait d’accord avec la minutie que tu nous suggères dans ton texte, si bien rédigé, comme toujours! Au sujet des profiles ICC, c’est une partie assez complexe à programmer et à identifier, tellement il y a de sortes de papiers de qualité disponibles sur le marché.Et que dire de la calibration de nos écrans et des mises à jour continuellement requises. On est loin du travail en chambre noire de ma jeunesse!