J’ai tenté d’écrire de nombreuses fois ce début de billet et chaque tentative s’est butée au fait qu’il m’était difficile de mettre de côté le contexte particulier dans lequel il est publié. Je ne vous apprendrai en effet rien en vous disant que les dernières semaines sont inédites dans notre histoire moderne et que cette période est en train de laisser des marques profondes dans nos sociétés. Cette crise n’affecte cependant pas tout le monde de la même façon. Ainsi, si vous êtes, comme moi, de ceux et celles qui ont privilège de s’adapter au contexte actuel, je vous invite à ne pas perdre de vue qu’il y a des personnes qui ne sont pas aussi favorisées et qu’il y a plusieurs gestes qui peuvent faire une petite différence.
Vous comprendrez également pourquoi toute cette situation m’a bouleversé puis freiné au cours des deux derniers mois de publier de nouvelles photographies ou de rédiger des articles sur ce blogue. J’ai plutôt préféré me concentrer sur d’autres facettes de ma vie que je trouvais plus importantes, attendant un moment où je me sentirais plus à l’aise de montrer le fruit de mon travail photographique de la dernière saison. Maintenant que la situation commence doucement à se stabiliser, je vous présente donc, sans prétention, la série de photographies sur laquelle j’ai travaillée durant l’hiver.
La démarche
Le thème
La douceur est un thème qui a pris graduellement de l’importance au cours des dernières années dans mon travail photographique. Pour ceux et celles qui me suivent depuis un certain temps, vous savez d’ailleurs que ma photographie s’y concentre de plus en plus, voire même presque de façon exclusive. Je cherche ainsi des conditions qui me permettent d’insuffler cette atmosphère que je tente de renforcer par des compositions simples, certaines techniques de prise de vue et un développement généralement retenu.
C’est avec cette idée que mes sorties photographiques de l’hiver dernier se sont exclusivement orientées vers des conditions qui allaient me donner des chances de transmettre ce sentiment de douceur. Je trouvais qu’en contexte hivernal cette recherche d’une esthétique précise allait conceptuellement contraster avec les conditions rigoureuses dans lesquelles les photos ont été captées. Il est donc facile de comprendre que si la série se nomme « La douceur de l’hiver charlevoisien », ce titre fait plutôt référence à l’apparence des scènes photographiées, les froids mordants, l’humidité bien sentie et les vents violents étant autant de conditions qui été affrontées pour créer ce qui est présenté ci-dessous.
De nouvelles explorations
L’an dernier, à pareille date, j’expliquais que j’avais adopté une méthode photographique différente des années précédentes, me concentrant que sur quelques endroits précis que j’explore et photographie de façon presque abusive. J’effectue depuis la même démarche, saison après saison. Cette façon de procéder me pousse à découvrir de nouvelles parties de la région que je ne connaissais pas ou mal pour les photographier de façon complète. Vous trouverez d’ailleurs dans la série ci-dessous des paysages inédits dans mon portfolio. Il y a même plusieurs scènes que je savais possibles dans la région, que je chassais depuis maintenant plusieurs années, et qui ont finalement été captées. J’en suis particulièrement fier.
Trois séries
La manière de photographier le territoire décrite précédemment m’a mené à avoir un corpus photographique se regroupant très distinctement en trois grandes catégories. Au lieu de réunir les photos en une seule séquence, j’ai donc choisi de diviser mon travail de cet hiver en trois courtes séries de photos. Chacune d’entre elles est reliée à une particularité géographique de la région, soit les vallées, les montagnes et les berges du Saint-Laurent. J’ai également écrit un petit texte pour chaque section.
Réflexions et commentaires
Avant de vous laisser regarder les photos, je vous invite fortement à partager ce billet si vous l’appréciez. De plus, n’hésitez pas à m’écrire si vous avez des questions ou des commentaires en utilisant l’espace ci-dessous ou par l’entremise des moyens listés ci-contre.
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À travers les vallées et les collines
(Cliquez sur les photos pour les voir en grand sur fond sombre.)
Il arrive que, durant les grands froids, les brumes glaciales émergeant du fleuve envahissent les vallées et les collines charlevoisiennes. Ces épisodes éphémères transforment les paysages en leur donnant une apparence éthérée, ceux-ci semblant être suspendus dans le temps.
Au sommet des monts
(Cliquez sur les photos pour les voir en grand sur fond sombre.)
Ces fantômes, j’ai désiré les photographier durant de nombreuses années. Leur apparition dans Charlevoix est toutefois passagère et très ciblée, n’étant présents que quelques jours durant le début de l’hiver sur les sommets de plus de 1000 mètres. Leur accès est donc compliqué puisque les chemins pouvant mener à leur rencontre ne sont généralement pas tracés, s’ils ne sont pas tout simplement absents.
Après avoir essuyé plusieurs échecs les années passées, je m’étais toutefois résolu que cet hiver allait être le bon. Durant les deux premières semaines de janvier, alors que les grands froids battaient leur plein, j’ai donc parcouru plusieurs montagnes de l’arrière-pays, tentant tant bien que mal de les atteindre. Mes escapades m’ont mené à me lever très tôt le matin — pour ne pas dire en pleine nuit — et à me coucher tard le soir, traçant plusieurs kilomètres en ski puis en raquettes dans l’espoir d’atteindre ces créatures des neiges. J’ai enduré un grand nombre de revers, que ce soit parce que la météo n’était pas photographiquement adéquate, que les paysages étaient trop abimés par les vents violents ou tout simplement parce que j’avais été incapable d’atteindre ma destination.
Certaines tentatives ont toutefois été fructueuses et me rendent extrêmement heureux des résultats. Tous ces efforts pour réaliser ces photographies en ont valu amplement la peine.
Sur les berges du Saint-Laurent
(Cliquez sur les photos pour les voir en grand sur fond sombre.)
Pour photographier les berges du Saint-Laurent en hiver, il faut s’abandonner au fait qu’il est impossible de prévoir si la sortie en vaudra ou non les efforts. Les marées et la météo sont en effet si changeantes que chaque minute qui passe peut drastiquement modifier le paysage. Cette réalité rend le travail du photographe aussi frustrant qu’intéressant.
C’est dans ce contexte de changement que cette dernière série tente de montrer le caractère transformatif des berges du Saint-Laurent durant la saison froide.
Quoique les trois séries sont superbes, mes préférées sont dans les vallées et collines … Bravo!
Un énorme merci Jean-Pierre ! C’est apprécié. Vraiment.
De la poésie pour les yeux et l’âme. Tes photos me confirment que l’hiver est une saison magnifique pour qui prend la peine de la vivre pleinement.
Je ne saurais si bien dire Gilles ! Un énorme merci 🙂
Comment ne pas aimer l’hiver quand on voit tes photos? Mon pays c’est l’hiver. Vigneault l’a chanté en mots, tu le chantes en photos.
Une petite confession : c’est souvent cette phrase qui me trotte dans l’esprit quand je suis en train de photographier les flocons 🙂 Merci de la visite Yves !
Tellement inspirant ces photos d’hiver. Beau travail sur toute la ligne. Ça me donne envie de partir à l’aventure.
Merci beaucoup !