Depuis un peu plus de six mois, je m’adonne à photographier des animaux que je croise sur le territoire<fn>La photographie que j’effectue se fait en tout respect des animaux rencontrés. Je garde mes distances et je ne brusque, n’appâte, ne nourris ou ne traque aucun animal.</fn>. Je me suis en effet procuré une super téléphoto pour le paysage et je n’ai donc plus d’excuses lorsque je tombe sur des bêtes. Je ne suis évidemment pas un photographe d’expérience dans ce domaine et, à vrai dire, je n’ai pas la volonté de le devenir. Je suis par contre persuadé que le cheminement que j’effectue et les constats que j’en tire peuvent servir à des photographes qui voudraient également se concentrer sur ce sujet photographique. Toutefois, plutôt que de vous inonder d’astuces techniques qui sont largement couvertes sur le web, je vous présente dans ce petit article trois conseils de composition. En effet, en conjonction de la lumière, la composition est l’un des aspects esthétiques les plus importants de la photographie, et ce, peu importe le sujet. Notez que ces conseils vont en continuité du style que je développe et qui s’inspire largement de ma conception de la photographie de paysage.
1. L’environnement comme partie importante du narratif
La photographie animalière connaît un engouement extraordinaire présentement, et ce, plus particulièrement au Québec. Des nombreuses photos publiées sur le web, une pratique récurrente consiste à cadrer l’animal très serré pour le mettre en évidence. Pensons ici aux oiseaux photographiés de la queue jusqu’au bec ou encore au portrait d’orignal. Bien que ce type de cadrage peut être intéressant pour montrer l’animal, il devient à mon sens rapidement redondant et rend difficile la communication d’un narratif particulier. Or, celui-ci est extrêmement important et est l’essence même d’une photographie en tant que moyen d’expression. Le narratif peut signifier une histoire, une émotion ou plus largement un contexte qui permet de situer l’animal (Par exemple : Où il vit; qu’est-ce qu’il fait; avec qui il est.). Un moyen particulièrement facile de le faire est de positionner l’animal à l’intérieur de son environnement. De façon pratique, il peut s’agir d’inclure des éléments significatifs de son environnement à l’intérieur de sa composition ou tout simplement desserrer le cadrage afin d’inclure l’animal en tant que partie intégrante d’un environnement plus large.

Photographie 1. Le cerf s’étirant est placé en contre-pointe du soleil couchant. Les deux éléments se relient par leur emplacement et leur poids visuel. L’action du cerf est située dans un moment particulier de la journée et peut de ce fait être interprétée en relation avec le soleil.
Photographie 2. La crécerelle est placée parmi les nombreux arbres, permettant de mieux situer l’environnement dans lequel elle évolue. Sa silhouette, avec la tête tournée, peut faire penser à une surveillance des environs durant le crépuscule.
2. Le choix de l’arrière-plan et de l’avant-plan
La rencontre avec un animal peut être rapide et hautement éphémère. Cet aspect rend ce type de photographie aussi intéressant que frustrant. Ainsi, lorsqu’une opportunité se présente, il est important pour le photographe de saisir rapidement l’opportunité. La considération des éléments se posant en avant et en arrière de l’animal peut dans cette optique devenir secondaire. Le problème est qu’en ne mettant pas l’accent sur ces aspects de la composition, l’impact de la photographie peut grandement diminuer. En effet, l’intégration d’un arrière-plan et d’un avant-plan permet de donner un aspect de profondeur à la photographie en plus de situer l’animal dans son environnement (Voir 1.). Les éléments faisant parties des plans doivent toutefois aider à structurer la composition en plus de ne pas nuire à la mise en valeur de l’animal. Cela signifie que les formes, les lignes, les teintes et les tons ne doivent pas entrer en compétition avec l’animal, mais l’appuyer. À titre d’exemples, nous pourrions penser à une branche qui, avant-plan ou en arrière-plan, traverserait la tête de l’animal, brisant hélas la lecture de la photographie. En contre-partie, un plan qui encadrerait l’animal de façon à diriger l’attention vers celui-ci deviendrait intéressant.

L’écureuil est traversé par quelques branches, ce qui nuit à la lecture : elles deviennent des éléments se mêlant à l’animal et pouvant même donner l’impression de le déranger. Cette photo ne ferait pas la sélection.
Évidemment, au-delà du cadrage qui se fait durant la prise de vue, cette considération peut également s’appliquer, dans une certaine mesure, lors du développement. Le photographe peut effectivement renforcer ou diminuer certains aspects de la photographie pour appuyer la composition.

Photographie 1. Le tétra est mis en évidence par feuilles jaunes, à la fois parce qu’elles permettent de renforcer le contraste tonal entre l’oiseau et l’arrière-plan, mais également parce qu’elles dirigent le regard du spectateur vers l’oiseau en l’entourant.
Photographie 2. L’avant-plan enneigé permet, d’une part, de donner un effet de profondeur en induisant une progression visuelle. D’autre part, il permet de centrer l’attention vers le cerf en entourant l’animal et éliminant plusieurs détails qui pourraient surcharger la scène et nuire à la lecture.
3. Au-delà du ratio 2:3 : des formats mieux adaptés à certaines compositions
Je ne m’en cache pas, je ne suis pas particulièrement adepte du format 2:3. Je trouve qu’il n’est généralement qu’un simple compromis, étant habituellement pas assez ou trop allongé pour renforcer une composition. Dans le cas de la photographie animalière, le problème majeur que je rencontre, ou que j’observe chez d’autres photographes, est un débalancement de la composition dû à un espace inutilisé. L’animal se retrouve généralement positionné dans l’un ou l’autre de côté de la photographie, apportant un poids visuel important sans que l’espace laissé vide vienne l’appuyer dans la lecture de la photographie. C’est pour cette raison que j’utilise énormément les ratios 4:5 ou 1:1 qui viennent plus facilement contraindre la lecture autour de l’animal photographié. L’oeil est de cette façon moins porté à vagabonder dans des espaces où il ne devrait pas.

Le format 16:9 a été utilisé ici pour renforcer les lignes horizontales, que ce soit celles de plans, mais également l’orientation du héron.
D’autres formats peuvent également être intéressants pour, notamment, renforcer certaines orientations. Il peut, par exemple, s’agir de formats panoramiques, comme 16:9 ou 2:1, permettant de mettre l’accent sur des formes et des lignes horizontales. L’idée ici n’est pas de discréditer le ratio 2:3, mais plutôt de considérer des alternatives qui peuvent renforcer la composition et de ce fait faciliter la lecture de la photographie.
Réflexions et commentaires
J’espère que ces petits conseils vous seront utiles. Comme j’ai spécifié au début de cet article, je suis, comme plusieurs d’entre vous, encore en apprentissage. Je devrais donc écrire de nouveau sur le sujet très bientôt. En attendant, n’hésitez pas à communiquer avec moi si vous avez des questions ou des commentaires en utilisant l’espace ci-dessous ou par l’entremise des moyens listés ci-contre.
Merci !
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Me rejoint tout à fait, même si j’ai peu d’intérêt pour la photo animalère autre qu’à titre de consommateur!
Un énorme merci Claude !
Je fais de la photo depuis 5 ans maintenant et j’ai beaucoup photographié les oiseaux. Le plaisir de découvrir de nouveaux milieux naturels, observer la nature, marcher…Ton article m’encourage à intégrer plus du paysage dans mes photos, situer mon sujet… Merci !
Merci beaucoup Rémi !
« super téléphoto pour le paysage »??? pour l’animalier plutôt ici non? 🙂 Article fort interessant et sympathique que je partagerai
Non, je me suis bel et bien procuré la super téléphoto pour le paysage. 🙂
Merci du passage. Content que vous appréciez !